une de mes lectrices me faisait remarquer que les personnages dans mes romans gagneraient à être plus fouillés, mieux développés, substantifiés, quoi!
elle a bien raison, le plus drôle c’est que lorsque j’évalue un manuscrit pour le Blé, la maison d’édition qui me publie, ma critique porte souvent sur la faiblesse des personnages, c’est pour dire,
à mon corps défendant je dirai que je ne suis pas un romancier dans le sens traditionnel du terme, plutôt un poète raté qui écrit en prose par le biais de l’autofiction, si si, un disciple du nouveau roman où l’intrigue, les personnages, le récit lui-même sont relégués au second plan, où l’acte d’écrire devient le sujet propre du livre, une manière de chavirer l’écrivage com Picasso nous a brassé le portrait tel que je l’ai écrit dans fragments d’enfants massacrés, le projet de s’éloigner du récit conventionnel, d’aller au-delà des limites de la narration, non pas écrire une histoire structurée, avec début, milieu et fin, personnages à la psychologie identifiable, descriptions et situations bien encadrées, mais faire de l’écriture son histoire même et d’elles un objet d’art déplié (holografic si possible) dans la communication contemporaine,
faire de l’écriture son histoire même, dis-je, où tout ou rien se vaut com un miroir qui se remet en question, un reflet détaché de sa source en quête d’une surface sur laquelle rebondir,
ainsi je voudrais écrire un récit dans lequel, par exemple, les dialogues n’auraient aucun rapport entre eux, non plus qu’avec l’histoire racontée, si même il y avait histoire à raconter, une construction aléatoire d’éléments dissociés, ouverte en amont com en aval, puisqu’en dernière analyse un coup de dé jamais n’abolira le hasard, un récit où le mot est le personnage, qu’il assume la forme d’un être, d’un objet, d’une couleur, d’une sensation, d’un désir, peu importe, son style est son intrigue, sa typografie (dans mon cas son ortograf) et sa mise en page ses mises en scène,
de sorte que le récit ne raconte plus
il s’expose, s’exploite et s’expurge
se met à nu com la Mariée de Duchamp
par ses célibataires, même
ainsi reviendrai-je à Charlotte, — qui? Charlotte Bay, cibolac! — sans m’embêter des conventions littéraires, sans m’empêtrer dans les rouages bien huilés du roman normal, en toute liberté de narration com un kaléidoscope spatio-temporel, un caroussel tralfamadorien, l’exotrip de Charlotte dans la Voie Lactée déployé sur l’exotrip d’une écriture science-fictive com un piratage des structures de la communication d’asteur, déjà (encore dans les fragments, même page) que les ordinateurs sont à l’oeuvre,
– heu, veux pas paraître bête, là, mais une écriture science-fictive, ça veut dire quoi? c’est comment?
– sais pas, je l’ai pas écrite encore,
– …
– ben, j’ai des idées, faut laisser germer,
je me demande si comme le nouveau roman ( maintenant il commence à être ancien ,il fait pratiquement partie des classiques) s’éloigner du récit traditionnel n’est pas trop superficiel , plus difficile dans l’écriture ,mais plus facile car ne faisant qu’effleurer les choses et les êtres .
sinon on peut aussi lire un livre sans rien y comprendre et malgré tout éprouver un certain plaisir en se laissant porter un peu comme par une musique .
pour ma part c’est comme avec la musique les termes je m’en fous !
je la ressens ,elle me fait vibrer ou alors je la zappe me laissant de glace .
La lecture c’est pareil , j’ai du lire bien sur du « nouveau roman » ,de l’ancien , du pas classique ou très littéraire , de la SF et du « polar » à mon avis les deux plus novateurs surtout en ce moment .
peut importe le style , je rentre ou pas dans le bouquin , c’est tout ce qui compte , si l’écriture n’est pas bonne ( si si …ça arrive parfois ,là c’est un pensum ) ou me heurte trop ( par un style trop volontairement pseudo intello qui veut se démarquer ) je n’y arrive pas !
Jusqu’à présent Mr Chicoine je n’ai jamais eu de mal à rentrer dans vos livres , donc tirez la conclusion que vous voulez hé hé