Les atomes ou particules élémentaires ne sont pas réels; ils forment un monde de potentialités ou de possibilités plutôt qu’un monde de choses.
Heisenberg
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poussière d’étoiles, fragments de rêves
tranches de vies, au bout la mort
poudre de perlimpinpin, accroc d’illusions
fragments d’étoiles, poussière de rêves
j’aboute la vie par tranches de morts
lève l’ancre et navigue sur mers d’espoirs
je suis poète sans le vouloir
alors qu’ému par volition désincarnée
chair de la chair des autres
toujours éfémère, en cela pérenne
je disperse l’esprit en éclats de sens
je suis centre et périférie, seuil et mur
fusion nucléaire en mon coeur stellaire
je suis la réalité des mondes parallèles
et d’un seul mot je dis tous les mots
ainsi, revenant d’un voyage dans l’espace
le cheveu blanchi par le temps qui passe
je regardais celle dont jamais je me lasse
qui sortait d’un rêve confrontée à l’impasse
elle, vous comprendrez, c’est mon écriture, ou m’écriture pour faire plus intime, ma maîtresse irasible, mon amante jalouse, ma muse volatile, ma folle du logis, indépendante, ricaneuse et gaillarde, ma complice aux couleurs bariolées, ma liberté en somme, elle sortait, vous dis-je, d’un rêve où elle s’était retrouvée confrontée à l’impasse, oui, de sa pertinence, le réel lui faisait des misères, la réalité la mordait aux chevilles, que valait-elle dans un monde où le faux-fuyant est de mise? de quoi témoignait sa vérité, si vérité il fut, dans un monde où le mensonge est à l’ordre du jour? en quoi était-elle pertinente dans les reflets sans fin de l’imposture?
elle était bien lasse
là, accroupie dans l’impasse
prisonnière en son espace
livide du temps qui passe
sans avenir, la mémoire rabougrie,
le présent coulant comme l’eau entre les doigts,
allons, allons, lui dis-je, ressaisis-toi, il nous reste bien quelques belles phrases à écrire, quelques bons mots comme boucliers contre la stupidité du monde, quelques jolies métafores, fleurs éfémères, à planter au pied de son absurdité,
allez, viens, laissons-le à sa turpitude, ce monde sans âme, il se débrouillera bien sans nous et il sera toujours temps d’y revenir,
plongeons dans le silence éternel de ces espaces infinis qui effrayait Pascal, chantons notre humanité en dansant autour des étoiles, crions haut et fort que nous sommes semence de vie,
qu’importe si notre voix se perd dans les couloirs relativistes de la Voie Lactée, il en restera toujours l’écho,
pixels autour d’un trou noir
traces imaginées, franges en délire
amas fantaisistes à force d’aubes
fragments d’amour, échos de passions
l’univers au creux de la main
lui souffle l’essence de sa virtualité
je suis poète, m’écriture fantasmée
que j’aboute en sa substance
et lumière traverse sa temporalité
supernova en tête, poussière interstellaire
mon bras est galaxic
et de tous les mots je n’en dis qu’un seul
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un jour on s’assirons au coeur du soleil pour en filtrer l’énergie comme du sable entre nos doigts
Pink Floyd, Set the Controls for the Heart of the Sun

