«And now I know you.»
Melisandre à Arya Stark
je ne vais rien révéler de l’épisode, rien d’essentiel, même si l’internet fourmille de commentaires, d’opinions, de critiques, de révélations, je vais qu’en faire un tour, comme ça, à l’envolée,
et quel épisode! la télévision a rarement atteint un tel degré d’excellence, une production de 82 minutes qui rivalise avec ce qui se fait au cinéma avec de plus gros moyens, cinquante-cinq nuits de tournage étalées sur onze semaines dans le climat inclément de l’Irlande du Nord, presque toustes les acteurs et actrices de la série étaient sur place, chacun chacune interprétant son rôle avec justesse, accompagnés par des centaines de figurants, un tour de force mené de main de maître par le réalisateur Miguel Sapochnik assisté de l’équipe de tournage dirigée par Fabian Wagner,
toute l’action se déroule à Winterfell, c’est l’ultime bataille entre les vivants et les morts, une bataille épique contre l’absurde, une bataille colossale, métaphorique, désespérée, où tout semble perdu sous l’assaut impitoyable de l’armée des morts soulevée par le Roi de la Nuit (the Night King), des milliers de zombies qui déferlent sur Winterfell en une effroyable vague sans fin, dans une nuit au ciel lourd de nuages, rendue encore plus dense par le brouillard de glace que le Roi de la Nuit déroule sur le champ de bataille du haut de son dragon mort,
un combat inégal, où les vivants se battent à cent contre un, combat pipé par la magie du Roi de la Nuit qui (désarçonné de son dragon après son escarmouche dans les airs contre Daenarys, la mère des dragons, et Jon, le bâtard Stark, accrochés au leur), debout au milieu d’une plaine de cadavres, les réanime,
c’est l’horreur, c’est la détresse, c’est un sentiment de défaite au coeur des combattants épuisés quand les corps se relèvent, ceux des zombies qu’ils ont abattus et ceux des leurs maintenant tournés contre eux,
aucune armée au monde, si nombreuse, si puissante soit-elle, ne peut venir à bout d’une armée de morts qui ne meurent pas tant que leur maître ne meurt pas lui-même,
les personnages principaux et secondaires qu’on a suivis depuis le début de la série ne survivent pas tous au carnage,
la musique de Ramin Djawadi est retenue, mesurée, parfois muette, en contrepoint angoissé et tendu de l’excès, en particulier une séquence hallucinante de huit minutes à la fin portée par un adagio au piano bientôt accompagné par les accents tragiques du violon et du violoncelle, le bruit et la fureur en sourdine comme des échos lointains, pendant que le Roi de la Nuit entouré de ses Spectres (the White Walkers) marche dans Winterfell en train de tomber, entre dans le Bois Sacré (Godswood), là même où les Enfants de la Forêt (the Children of the Forrest) l’ont créé il y a un millier d’années, et s’avance, triomphant, vers Bran Stark (the Three-Eyed Raven), la mémoire du monde, immobilisé dans sa chaise roulante, mais sans peur, impassible,
tuer Bran, c’est effacer le monde, c’est la victoire du vide,
les réactions vont du meilleur au pire, plusieurs se sont sentis trahis par la tournure des événements, on est déçu, et c’est vrai qu’on peut relever quelques maladresses narratives, pourtant il fallait savoir déchiffrer l’allégorie, comprendre que la trajectoire de certains personnages arrivait ici à terme, telle qu’elle le devait,
on s’est plaint aussi de la cinématographie plutôt sombre, mais c’est la nuit! éclairée que par chandelles, torches et feux! mais c’est le brouillard de glace! mais c’est qu’on voit à travers les yeux des personnages, pardi!
cela dit, même si l’épisode est remarquable de qualité et d’intensité, un épisode exceptionnel, c’est qu’une série télévisée, faut pas virer fou,
Is anyone here in a position to recommend Whips? Cheers x