y a rien à faire, tu l’aimes, tu la désires, tu la veux, dans l’autobus tu lui prends les mains, ses si belles mains, tu en caresses gentiment la paume, tu glisses du bout des doigts sur les siens, ses longs doigts finement ciselés, tu lui dis la tendre sensualité de ces attouchements, tu voudrais caresser ses cuisses, tu voudrais souffler un baiser dans son cou parfait, tu sens son parfum sur son poignet et tu voudrais y déposer tes lèvres,
tu veux écouter sa voix, tu voudrais qu’elle s’ouvre à toi et qu’elle te confie ses rêves, ses pensées, ses passions, ses peurs, tu voudrais qu’elle se rapproche de toi, tu veux son esprit, tu veux son coeur et tu veux son corps, elle aurait tant à te donner, com si t’allais t’abreuver à la fontaine de Jouvence, et t’aurais tellement à lui faire partager, t’as une longue ligne de vie, significative et bien garnie, tu pourrais lui apprendre une chose ou deux sur les hommes, sur les femmes, sur le monde,
tu la voulais amante, tu la voulais amoureuse, il te reste tout de même sa chaude amitié,
pis tu te prends la tête dans les mains, tu t’ébroues la jarnigouenne et tu te dis d’y mettre le holà, l’ami!
c’est parce que t’as besoin de baiser, c’est pour ça, t’as pas eu de femme depuis trop longtemps, ça te déchire l’intérieur, tu pourrais te payer une fille de joie, mais c’est pas vraiment ce que tu cherches, tu baiserais, c’est sûr, en une gestuelle anecdotique, impersonnelle et mécanic, t’en reviendrais délesté de ton trop-plein d’hormones, de ton trop peu de fric itou, mais t’en resterais sur ton appétit intellectuel et sur ta faim émotionnelle, tu veux une femme qui te veut, une femme que tu peux chérir, avec qui vivre des heures précieuses, c’est ça que tu veux,
ah! t’as bien des amies, fines, amusantes, affectueuses, d’ailleurs t’as toujours préféré la compagnie des femmes à celle des hommes, mais voilà, elles ne sont que tes amies et tu veux une amoureuse,
parce que ça te torture, dis-le, cette furieuse envie de prendre une femme dans tes bras et de sentir son corps chaud contre le tien, c’est une obsession, une idée fixe, une faim vorace, tu laisses rien paraître, c’est sûr, tu gardes ça en-dedans, tu gardes ton cool, mais t’es en feu derriêre ta façade,
tu espères, tu imagines, tu fantasmes,
tu rêves,
t’es d’une nature fondamentalement optimiste, tu crois en la vie, tu lui fais confiance et tu te dis que tu finiras par rencontrer celle qui voudra bien de toi,
si une femme veut bien encore de toi…
la vie est vache des fois