Mais riez riez de moi
Hommes de partout surtout gens d’ici
Car il y a tant de choses que je n’ose vous dire
Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire
Apollinaire, La jolie rousse
tu voudrais bien décrocher d’elle, mais t’y arrives pas, ta passion est trop forte, trop insistante, elle te domine, ça faisait quand même un sacré bail que tu t’étais pas amouraché avec un tel sentiment d’urgence, tu zyeutes les filles, tu les désires, t’avais déjà dit à une de tes copines d’université, il y a de cela des années, que si c’était permis tu mettrais au moins la moitié de la population féminine qui t’environne sans demander ton reste, mais c’est rien, ça, c’est juste ta libido qui roule et qui s’excite,
alors qu’avec ta collègue de travail, cette si jeune et si douce personne, c’est tout autre chose, c’est la passion, l’amour, le désir, c’est un mouvement violent de ton âme, un élan fou, un feu qui te consume, une ardeur qui te déchire,
tu as passé un autre après-midi avec elle dans un café du village, tu l’as fait rire, tu l’as complimentée, tu lui as raconté des anecdotes tirées de ta vie, elle t’as parlé des deux hommes qu’elle a fréquentés, deux seulement, qui après l’avoir eue l’ont rejetée comme si elle n’avait jamais existé, et tu comprends dès lors son hésitation et sa prudence face à tes avances, elle t’a parlé de son maquillage, elle ne se maquille pas beaucoup, du bleu sur les paupières à l’occasion, un moment donné que la conversation tournait autour des vêtements en général et des siens en particulier, elle t’as appris que plus souvent qu’autrement elle porte une brassière genre gymnastic, sans attaches, qu’elle se passe par-dessus la tête, elle t’a dit ça avec un petit sourire, le regard polisson, et tu t’es fait la réflexion que même les femmes les plus innocentes et les plus naïves ne le sont jamais tout à fait,
elle se plaît en ta compagnie, elle te l’a dit, elle aime ton rire, ton entrain, ton optimisme, elle t’a avoué qu’avec toi elle se sent bien dans sa peau, qu’elle reprend confiance en elle-même, que tu l’aides à retrouver cette estime d’elle-même qu’elle avait perdue,
tu l’as accompagnée jusqu’à l’arrêt d’autobus, et, encore une fois, elle debout devant toi, tu t’es émerveillé de sa taille, elle te dépasse d’au moins un pouce, perchée qu’elle est sur ses longues jambes, et ça te chavire, qu’elle soit si grande, ça t’allume, ça t’embrase, ça t’enflamme,
du bout des doigts t’as replacé quelques mèches sur ses tempes, tu voulais prendre son visage dans tes mains pour l’approcher du tien et déposer un baiser sur ses lèvres, tu t’es retenu,
le lendemain c’était votre dernière journée de travail avant les vacances du printemps, toute une semaine de relâche où tu ne cesseras de penser à elle, tu lui as donné ton numéro de téléphone, elle t’a donné le sien, peut-être t’appellera-t-elle, peut-être l’appelleras-tu, t’en as aucune idée, t’en es complètement déboussolé,
mon dieu que tu l’aimes!
t’en vires gaga, c’est terrible!
espèce de vieux fou!
J’ai bien aimé cette fiction….c’est tellement bien décrit, les états d’âmes, les sentiments ressentis….la folie dans le coeur et la retenue du cerveau…..c’est tellement ça tomber en amour, ça frappe sans qu’on s’y attende et ça ne se contrôle pas ou pas facilement, ça nous habite veut veut pas. J’ai aimé.
L’amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser
Et c’est bien en vain qu’on l’appelle
S’il lui convient de refuser
Bizet, Carmen
Surtout quand ça frappe un homme d’âge mûr pour une jeunesse. Le coeur est sans âge, mais les années se rappellent à la raison.