ou comment prolonger un texte vagabond
je cueille l’inspiration au gré de mes déplacements imaginaires comme autant d’étoiles dans le creux de ma main ou du bout du doigt quand je trace une nébuleuse dans le ciel de mes divagations,
je peins et sculpte le monde tel qu’on ne le voit plus, tel qu’on refuse de le vivre, monde immense que l’humanité dénaturée rapetisse, égarée qu’elle est dans les fantasmes de ses désirs apeurés,
je lui redonne, au monde, sa beauté, sa majesté et son intransigeance, je le chante, je le danse, émerveillé malgré le décor restreint et délétère de notre fiction sociale, entêté de le célébrer en silence à travers les cris et les hurlements de nos prisons mentales, je prends le temps de l’effeuiller malgré la précipitation vorace de nos idéologies percées,
je suis l’univers en expansion dans vos univers rabougris, je dis bonjour aux galaxies nos voisines pendant que je m’illusionne sur les seins de ma voisine dans l’ascenseur, je suis un voyeur diplomate et sans gêne, si j’écris c’est surtout, vous le savez, pour ne pas écrire comme toulmonde, ça serait trop facile, semblable, similaire et simagrée, singerie, mimic et tic, ça n’ajouterait rien de sensible à la prose d’asteur plate comme une surface bétonnée,
srevne’l à sircé’j
en miroir comme réfraction de soi-même, on doit se tordre le cou pour redécouvrir le monde sous les ruines de nos démangeaisons,
nos édifices châteaux de cartes
nos rues chimères de mouvement
nos aéroports escales murées
nos ports et nos gares rondpoints affligés
nos passants oblitérés par le mensonge
leur évasion une voie de garage
ils et elles mutants et mutantes sans le savoir
qui déambulent en perte d’âme et de sens
j’y suis malgré tout
comme vous y êtes sans y être
je m’évade par-dessus les toits
plus haut que les nuages
dépassé l’ozone
et me rejoins dans l’univers
pour être ce que vous oubliez d’être
cette voisine, donc, dans l’ascenseur, était ma voisine de palier, elle a déménagé tout proche depuis, elle ne portait pas de brassière ce jour-là, elle en porte rarement, et les mamelons de ses gros seins bien ronds bien fermes sous le tissu léger de sa blouse me reluquaient avec autant de laxisme que je les zyeutaient avec avidité, en faisant presque semblant de rien comme de raison, elle en était consciente, ça ne la dérangeait pas, plutôt la faisait sourire, notre banale conversation de quelques minutes flottant au-dessus de nous comme fantaisie d’appétit,
faut dire que nos premières rencontres furent parfumées aux effluves lubriques, un soir justement qu’elle me rendait visite je me suis retrouvé son dos collé à ma poitrine, mes mains sur ses seins sous sa blouse, je portais t-shirt et caleçon sous ma robe de chambre, elle avait baissé ses jeans et extirpé mon totem qu’elle frottait sur son slip humide,
et si je vous disais que j’invente comme on invente notre récit social?
que ce que nous croyons réalité est surtout déformation d’imaginaire?
mais voilà, de trente ans ma cadette elle se cherchait un papa gâteau, de qui en plus elle voulait un enfant, j’y ai mis le holà drèt là, non, ma belle, t’es tombée sur le mauvais vieux mec, je veux rien savoir d’une relation amoureuse, encore moins d’un enfant,
elle a trouvé son papa gâteau, mon voisin d’à côté, mon cadet son aîné, il lui a fait un enfant, puis un an plus tard il lui a fait des triplets, elle est fertile, c’est pour dire, ils ne vivent pas ensemble, n’ayant jamais réussi à s’accorder, fallait les entendre se lancer des gros mots dans le couloir quand elle habitait encore ici, ça s’est calmé depuis qu’elle a déménagé, il a les enfants, elle vient les voir,
elle m’avait invité à venir faire un tour dans son nouvel appartement, je n’y suis pas encor allé et je me dis qu’il faudrait bien que j’y aille un de ces beaux jours pour venir en sa compagnie, bête que je suis de ne pas en profiter… avec nicotine et marijane dont elle est toujours en manque…
retenue de ma part? réserve? pondération? inertie?
et pourtant ces seins lourds
aux mamelons insistants
tenaces comme ces galaxies
que j’ai dans la tête
quoi donc ici? ah oui, ne lui avais-je pas dit en effet que mon écriture m’importe plus que ses courbes, que si je fantasme de sa présence c’est par habitude et convoitise et je mets tout ça dans mon sac holoformé comme ces portes que je plantais sur une dalle infinie, le monde étant ce qu’il est, un hyperespace que je m’évertue à ne pas perdre de vue,
Mylène Farmer, Libertine, Tour 96
@ Ronald : Abe Laboriel Jr à la batterie sur les tournées Tour 96, Mylénium Tour et Avant que l’ombre… à Bercy, batteur actuel de Paul McCartney
et pour rendre justice à mon titre, le clip officiel de Libertine, sorti en 1986, c’est long, dix minutes +, l’histoire, bof, négligeable quoique bien filmée et agrémentée, son seul charme, de deux très jolies scènes de nudité, frontale même, oui, tiens, polisson que je suis, je vous les donne : à 2:30 et à 4:50