bon, qu’ai-je à dire? ben, pas grand-chose sinon que le monde s’évertue à guerroyer et que vieillir c’est débile, oui oui, on dira ce qu’on voudra mais vieillir c’est débile, problèmes de santé, perte d’acuité visuelle et auditive, mobilité réduite, dire qu’avant je traversais les villes comme territoires à apprivoiser, le pas rythmé en continu, pis qu’asteur je dois faire une pause aux deux trois coins de rue parce que mes jambes veulent plus me porter, c’est lamentable,
pas dans ma tête par contre, c’est pas lamentable du tout dans ma caboche, je voyage dans mon imaginaire comme toujours à la vitesse de la lumière, je fais halte dans les tavernes, bistrots et bars de la Voie Lactée où je me désaltère et placote avec mes potes aliens,
ou je fais un saut quantic du côté d’Andromède après deux pirouettes sur les Nuages de Magellan et plus loin encor à travers le temps jusqu’aux premières galaxies où les mondes protéiformes décidaient des grands cycles cosmics, et plus loin encor quand le désir d’être, l’impulsion, la volonté, le fantasme d’être comme raison d’être du boson de Higgs secouait le potentiel, que dis-je, le boson de Higgs, les vagues éfémères, constantes et incalculables de la mer de Higgs sur laquelle à temps perdu je navigue sans naviguer à bord de mon bateau qui n’en est pas un, moi, pirate transitoire dans l’immensité de l’univers, exotriper surfant sur les ondes de l’être et du non-être, poète en transit d’hier à demain, d’ici et d’ailleurs, partout et nulle part comme je m’évertue à le répéter dans les détours de m’écriture,
nous sommes passages, non moins stations
nous sommes l’infini qui se définit
le verbe qui s’est fait chair
la parole qui ensemence, qui trop souvent se tait
nous sommes les yeux du monde
son reflet dans notre irréalité
et que nous regardons dans le miroir
de notre oeil trop souvent fermé
nous sommes la marche du monde
mais le monde n’a pas besoin de nous
pour continuer d’être
notre destinée du sable entre nos doigts
nous sommes, l’ai-je assez dit
l’envers du monde et son revers
son endroit, son centre, sa périférie
sa raison d’être ou de n’être pas
il n’en tient qu’à nous d’y être
d’y croire, d’y danser, d’y chanter ou d’y hurler
il n’en tient qu’au monde de nous paraître
de nous faire et de nous défaire
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je vous laisse avec deux chansons, une du passé d’abord, Long Cool Woman In A Black Dress des Hollies, sortie en single en 1972 (qu’on appelait un 45 tours dans mon temps), un an auparavant sur l’album Distant Light, sur des fotos et des clips de Bond Girls, entre autres la vive et pétillante Paloma de la CIA interprétée par Ana de Armas dans No Time To Die (au bar, aux alentours de 30 secondes, et plus loin dans la vidéo),
puis un saut dans le futur proche (et le pas des générations), David Gilmour, Between Two Points, sa fille Romany au chant, elle joue aussi de la harpe, la chanson (l’original est des Montgolfier Brothers, que je ne connais pas) fait partie de l’album Luck and Strange qui sortira en septembre,