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le journal d'un miroir

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je sème des pensées d'humanité dans les champs étoilés de la Voie Lactée

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nous finirons toustes à l’abattoir (2)

Posted on 2023-09-152023-09-16 By Jean 2 commentaires sur nous finirons toustes à l’abattoir (2)

dire qu’elle ne fume pas de marijane n’est pas tout à fait exact, mais elle en fume si peu, une pof du joint que son frère lui avait roulé, le deuxième qu’il lui a refilé en plus d’un an, lui a suffi pour affronter le monde un soir qu’elle accompagnait ses amies à la réception du mariage d’une connaissance, elle s’est tenue plus ou moins à l’écart toute la soirée et on ne l’a pras vraiment remarquée, ce n’était pas difficle, elle n’est pas grande, elle est toujours vêtue de noir, d’habitude t-shirt et jeans, aux pieds des espadrilles noires, bas et soutien-gorge minimiseur noirs aussi, ce soir-là elle portait un chemisier et un pantalon de circonstance et était chaussée de souliers de garçon, elle a quelques mèches blanches dans ses cheveux, elle les a blanchies elle-même, et est percée argent sur les deux sourcils, sur la narine gauche et plein aux oreilles, elle a aussi des tatouages sur les bras et sur le jarret droit, elle se tatoue elle-même avec des aiguilles et de l’encre noire, elle laisse le perçage aux professionnels, elle a en outre les cicatrices des coupures au rasoir qu’elle s’est infligées aux avant-bras, mais ça c’est caché sous les manches longues, seuls son frère et ses amies les ont vues,
elle a donc ce soir-là interagi minimalement comme à son habitude, elle a bu deux verres de punch non alcoolisé, l’alcool la rend malade, elle a souri, elle est asociale, pas antisociale, on l’a sûrement prise pour une timide, on était d’ailleurs trop affairé à fêter pour l’embêter, l’inaperçue obstinée comme dit son frère pour la taquiner, y a bien un jeune homme qui l’a abordée un moment donné, il n’avait pas l’air sûr de savoir si elle était fille ou garçon, quand il a vu qu’elle était fille il a voulu converser, elle a été bienveillante, agréable même, mais il a bien compris qu’il n’arriverait à rien et il est allé s’essayer ailleurs,
elle a observé la mariée, c’était un mariage civil, elle avait échangé quelques paroles avec elle quand avec ses amies elles sont allées les féliciter elle et son mari, et elle se disait, retirée dans son coin, en la regardant qui dansait avec lui, que non, vraiment, le mariage, c’était pas son bag, elle n’avait rien contre, c’était leur affaire, elle trouvait juste étrange cette manie de vouloir officialiser une vie de couple, des deux sexes ou du même sexe, cette illusion de l’amour breveté, pas qu’elle ne croyait pas en l’amour, au contraire, elle croit plutôt en l’amour immortel qui, juge-t-elle, est si rare que le reste est affaire d’attraction impermanente, oh, elle aime bien ses amies, elle en a trois et ne les voit individuellement ou ensemble que deux ou trois fois par mois, elle n’aime pas les visites, elle est conviviale et familière avec elles même si elle n’est pas celle qui parle le plus, elle est à l’aise, elles savent quoi faire si elle a une crise d’anxiété, elles sont comme elle, enfin, pas tout à fait, elles sont sexuées, l’une d’elles a un t-shirt sur lequel on peut lire Girfriend for some Boyfriend for others, elle non, elle se veut asexuelle, quant à vivre en coloc avec l’une ou l’autre, non, son frère est la seule personne avec qui elle peut partager un appartement, si elle vivait seule elle ne le voudrait pas loin,
à la fin de la soirée elles sont allées se promener sur le bord de la rivière, elles n’étaient pas les seules, elles se sont dénichées un coin tranquille, les arbres filtraient le bruit de la ville, ses lumières dansaient sur l’eau, le ciel était clair, peu d’étoiles, dommage, on perd contact avec l’univers, ses amies ont fumé un joint, elle en a pris une mini pof, elles ont partagé un taxi pour le retour, ce qu’elles avaient fait pour l’aller, la seule d’entre elles qui a une voiture savait que ce soir-là elle ne serait pas en état de conduire,
elle est rentrée fatiguée, elle ne se sentait pas mal, juste fatiguée, puis elle avait faim, elle s’est changée, s’est débarbouillée, elle se maquille à peine, et s’est préparée une collation, elle mange très peu, son frère est venu aux nouvelles, sa chatte l’avait fait dès son arrivée, il se couche tard comme elle, il est toujours bienveillant même s’il n’est pas d’accord avec toutes ses idées, il ne la juge pas, ils discutent ouvertement, ses blessures aux bras lui font mal, elle le sait,
elle a mangé sa collation dans sa chambre en surfant sur l’internet, les écouteurs aux oreilles, ces temps-ci elle se passionne pour l’histoire de la planète, sa formation, son évolution, ses transformations, les ères qu’elle a traversées, les climats qu’elle a connus, la myriade de vies qu’elle a portées, elle s’est couchée au lever du soleil,

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Comments (2) on “nous finirons toustes à l’abattoir (2)”

  1. catse dit :
    2023-09-18 à 02:14

    je me demande pourquoi ne va t’elle pas rejoindre son frère , sa vie serait peut être plus sereine ?
    la peur des autres (inconnus),ou la peur du regard des autres ? sa famille ne la juge pas ,donc elle se sent plus à l’aise .

    Répondre
    1. Jean dit :
      2023-09-18 à 15:28

      elle partage un appart avec son frère:
      (…) son frère est la seule personne avec qui elle peut partager un appartement, si elle vivait seule elle ne le voudrait pas loin, (…)
      son frère ne la juge pas, même s’il n’est pas toujours d’accord avec ses idées, on verra plus tard dans le récit si le reste de sa famille est aussi bienveillante

      Répondre

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