Aussi paranoïaque ou conspirationniste que vous puissiez être, ce qui se passe est bien pire que ce que vous imaginez.
Un·e internaute
les écouteurs aux oreilles elle marche la tête un peu baissée, pas trop, juste assez pour ne pas voir le monde et pour que le monde ne la remarque pas, elle n’a rien à dire et ce quon voudrait lui dire ne l’intéresse pas, son social se résume à son petit cercle d’amies et même encor, elle n’est pas toujours présente à l’appel, mais elles au moins la comprennent et l’acceptent telle qu’elle est,
elle va au supermarché, elle n’aime pas y aller seule, ni dans la plupart des commerces d’ailleurs, elle s’arrête à quelques mètres de l’entrée, plantée là, incapable de bouger, les gens en mouvement autour, elle ne ressent aucun malaise particulier, ni mental, ni émotionnel, ni fysic, juste qu’elle est vide et que son corps est inerte, elle y est pourtant habituée à ce supermarché, elle sait ce qu’elle est venue y chercher, sait où le trouver,
non, elle ne peut pas et rebrousse chemin, parfois elle y arrive, parfois elle n’y arrive pas et elle s’en fiche complètement, elle reviendra avec son frère, elle s’apprête à traverser la rue et rentrer chez elle quand elle fait brusquement demi-tour, décidée sans vraiment l’être, et revient au supermarché,
elle prend un panier, direction l’allée des fruits et légumes, elle fait très attention à ce qu’elle mange, inspecte les produits avec soin, surtout l’origine, si possible du canadien et si possible du local, rarement de l’américain, elle ramasse quelques boîtes de conserve après avoir choisi ses fruits et ses légumes, évitant l’étalage des viandes, ça lui donne la nausée, avec son frère elle n’a pas le choix, regarde ailleurs, au moins il n’en mange pas souvent, elle masque l’odeur de la cuisson avec de l’encens dans sa chambre, par contre elle aime bien quand il fume sa marijane, elle n’en fume pas, mais ça sent bon, là encor avec les conserves elle inspecte, lit les ingrédients, calcule les calories, à la maison elle se lavera les mains, nettoiera les produits et les boîtes, plus tard quand elle en ouvrira une elle versera le contenu dans une passoire et le rincera à l’eau froide,
on lui dit bonjour en anglais à la caisse, elle est minorité francofone, en vérité elle est si parfaitement bilingue qu’elle est dualité et qu’elle n’en a vraiment rien à cirer, elle répond muettement, le caissier la reconnaît, n’insiste pas, souriant quand même et quand même obligé de poser les quelques questions d’usage auxquelles il connaît ses réponses et sans les attendre, elle prend sur elle de lui dire thank you avec un bref sourire, le regardant dans les yeux, avant de s’éclipser, elle a appris ça de son frère, elle a beau ne pas vouloir interagir elle n’en veut à personne et ne voit pas pourquoi elle ne montrerait pas un peu d’humanité,
dehors elle relaxe, elle ressent un malaise à l’estomac, ça passera en marchant,