l’obscénité n’est pas ce qu’on imagine,
abandonner les enfants dans la misère noire de notre richesse, c’est obscène, fabriquer des bombes pour les garrocher sur du monde, c’est obscène (et le concept de bombardement humanitaire est d’une effrayante obscénité),
j’aurais aimé réaliser un film sur le Christ moi itou, mais un Christ dans la vingtaine, avant son ministère public et son chemin de croix, quand il se demandait encor comment changer le monde, mon film se déroulerait sur trois thèmes entrelacés com des lettres-nombres hébraics, dans la langue et sur de la music de l’époque,
thémo nouméro ouno, Jésus s’acoquine avec des terroristes, il participe aux discussions vigoureuses, mais pas aux actes, ce qui crée des suspicions à la longue, ça fatigue le leader du groupe, disons que ça serait Barabbas, lequel le défie de passer à l’action, Jésus cède à la pression et s’engage full pin dans un attentat contre l’occupant, ça tourne mal et des innocents mangent la claque,
un enfant saignant s’en vient mourir dans les bras de notre héros,
alentour c’est la pagaille, les soldats se rameutent à grands cris, la population se ramasse à grande plainte,
Jésus se laisse choir sur une pierre, il serre le petit cadavre tout chaud contre lui, prostré sur son crime il pleure, il gémit, il se lamente, puis il lève la face au ciel et implore son Père de ramener l’enfant à la vie, celui-ci d’entre tous les ôtres, sa prière est exaucée, l’enfant est ressucité, ça aide quand ton père, c’est Dieu, personne pour s’apercevoir de rien, excepté la mère, elle a tout vu, elle a tout entendu, elle rend grâce, puis elle recueille son enfant, qui pleurniche,
après l’attentat com de raison c’est over pour le Christ avec les terroristes,
thémo nouméro deuzio, Jésus chez les prostituées, les filles l’aiment beaucoup, il exécute des travaux, elles le nourrissent et le logent, certains soirs il leur raconte des belles histoires pour voir, sa voix grave et posée les charme, sa parole bienveillante et large, en ébauche encor, les captive, sa profonde spiritualité les envoûte, les terrifie ossi un peu, lui, pas fou, surtout pas fait en bois, en profite pour se mettre, car l’incarnation du Christ le sexualise, conséquemment se le représenter en train de pomper une Juive lascive à quatre pattes par en arrière en lui pognant les totons à pleines mains n’est pas obscène, ne pas se représenter le massacre des innocents est obscène,
Jésus qui baise avec les prostituées, mais c’est l’infini désir qui se manifeste jusque chez la dernière des dernières, c’est la toute-puissance cosmic qui s’éclate dans l’humilité de ses créatures, c’est la chair universelle qui vient dans la chair du monde com une injection de divinité dans le code génétic,
thémo nouméro troizio, les trois tentations du diable, en trois scènes mauves, jaunes et élancées, quand Jésus s’en va jeûner tuseul dans le désert pendant quarante jours et quarante nuits et que le Grand Satan en personne vient lui proposer ses trois deals,
je prends le Christ pour un archétype vivant, un mythe incarné, un concentré de noosfère, le produit en chair et en os de notre imaginaire collectif, le résultat matérialisé de la vibration de nos pensées, de la même manière que la lumière est à la fois onde et particule et parce que le divin, c’est nous ôtres,
à la fin du film on regarderait Jésus qui s’en va dire adieu à sa mère com Tom Joad dans les Raisins de la Colère, ready pour son ministère,