(note: j’ai pris la liberté dans ce texte de nommer du monde et de placer des liens, à chacun chacune son dû, mais si y a problème on m’en informe et je retire la partie qui dérange)
pour commencer : osti qu’ ça m’a fait du bien d’entend’ parler québécois!
m’a vous dire, l’envie de Montréal m’a pogné là où ça soupire les deux fois que j’ai poireauté à l’aéroport Trudeau, je me suis même amusé à me voir sauter dans un autobus jusqu’au centre-ville et peut-être ne plus jamais revenir,
par contre le paysage saguenéen m’a rappelé la Gaspésie où enfant je passais l’été,
or donc, arrivée à l’hôtel peu avant minuit vendredi, l’avion Montréal – Saguenay avait 5 heures de retard, deux séances de dédicace samedi, avant-midi, après-midi, entrevue à la radio du Café littéraire de Radio-Canada in ze betwix, séance de dédicace dimanche matin, sieste en après-midi, en soirée Grand Prix de Formule 1 à Sotchi en Russie à la tv dans ma chambre, retransmission en différé entrecoupée de commerciaux débiles, inutiles et insultants,
pis com de raison intermèdes nicotine, fallait sortir dehors dans la zone fumeur où j’étais pas souvent seul, surtout samedi, la grosse journée, y avait du monde à messe, plus d’un et plus d’une venait boucaner,
les rencontres dans un tel événement, les échanges, discussions & ôtres perspectives, c’est très plaisant, enrichissant sûrement, intéressant, amusant souvent, surprenant parfois,
et moi, rêveur aux jambes qui font mal, gêné de ma bedaine 1, mais pas de bitch nicotine, j’y déambule confiant, sociable, souriant et avenant, j’ai pas peur du monde, je l’accoste aisément, toujours poli, toujours plein d’idées, je partage, on partage, la communication va bon train, pis j’ai pas peur des enfants non plus, je leur fais crouic crouic de la main au passage,
et moi, rêveur aux chevilles maganées comme celles d’un vieux cheval, je m’y balade les antennes du désir en mode espion, mon oeil à l’abord de l’imaginaire à travers les fissures du réel, j’y flâne bien aise, y cueille des brins de fantaisie et des bribes de magie,
samedi, il pleut, je fume sous un bout d’abri, un père accompagné de sa fillette, dix, douze ans, fume sous un ôtre bout d’abri, je dis à la fillette,
«tu sais, quand y pleut ça nourrit les fleurs pis quand une fleur est bien nourrie a l’engendre une fée pis si t’arraches la fleur la fée meurt,»
elle a souri, fait une steppette, son père a dit,
«t’es un auteur, toi?»
la pluie a cessé, Emmanuelle (Rigaud, ma boss au Blé) m’invite à l’accompagner à Jonquière avec des amies, me suis retrouvé en voiture avec quatre dames, au volant Gabrielle (Desbiens, la boss à Culture Saguenay-Lac-Saint-Jean), moi à côté, sur le banc arrière Emmanuelle, Geneviève (LeBlanc, la boss au Salon du livre du Grand Sudbury) et Lisa (L’Heureux, la boss comme moi de son art),
on a côtoyé la rivière, on a longé le kilomètre de l’usine d’aluminium, Gabrielle décrivait son coin de pays, elle s’est d’ailleurs révélée ambassadrice par excellence de la culture et de l’histoire de sa région, chapeau! on a marché un bout en ville, on a fait un crochet dans une tabagie, Gabrielle nous emmenait à bang,
heures lumineuses d’elles
au coeur desquelles Gabrielle
a fait jaillir une étincelle
ma rencontre avec l’oeuvre de Denys Tremblay,
pour Houellebecq pareil pour le roi de l’Anse,
il a tout compris
juste cette petite demi-heure, Gabrielle présentait l’artiste et commentait son oeuvre en suivant son parcours passé, présent et futur, on était avec Emmanuelle, Genevière et Lisa étaient restées dans la librairie en avant, juste ce gros quart d’heure plongé dans un imaginaire qui remet le réel à sa place, dans un art que je comprends, j’accroche direct, j’avance en affinité dans ce monde parallèle, je m’exclame et m’incline devant la hardiesse de l’oeuvre, me reconnais dans son jeu de miroirs,
juste ce moment de découverte valait tout le voyage à lui seul,
après on est allé prendre un verre dans un bar, la conversation roulait plaisante, intelligente, articulée, enjouée, j’ai parlé de mon père, et voilà-t-y pas que Gabrielle sortit comme ça un exemplaire d’ Un Roi américain 2 et me l’offrit, mon enthousiasme pour l’oeuvre de Denys 1er l’avait touchée,
retour par l’autoroute, Gabrielle devait nous quitter, on est allé souper au Boston Pizza accroché à l’hôtel, Emmanuelle avait faim, m’a vous dire, nous toustes d’ailleurs,
ensuite j’ai passé une belle soirée dialogic avec Geneviève, toujours au Boston Pizza, soirée ludic et amicale, un moment donné elle m’a repris quand je racontais comment Jean-Marc devenu Lalonde m’avait introduit à Kathy devenue l’ange, on dit présenter, introduire dans ce sens est un anglicisme, elle avait raison, je me suis repris, plus tard y avait le karaoke des auteur.e.s, 3 c’était pas mon truc, quand même, chu resté un bout, la compagnie de Geneviève était agréable, mais y commençait à se faire tard, j’étais fatigué, chu t’allé m’ coucher,
j’avais fait la connaissance de Lisa quand elle était venue me succéder au stand après ma première séance de dédicace, j’avais pas réalisé sur le coup, je pensais qu’elle visitait, on parla de nos livres et j’appris ainsi qu’elle écrivait et que c’était son tour à la dédicace, ah ben oui, c’est vrai, mon heure est passée, justement on remplaçait mes livres par les siens sur la table,
pis dimanche matin, dernière séance de dédicace, mon oeil s’accroche à la grande qui travaille dans le coin du Quartanier à quelques pas du mien, je l’observe, elle est habillée colorée, pleine d’entrain, placoteuse, je prends note de sa gestuelle délicate et débonnaire, je recueille sa voix et son rire, elle a un tic charmant, elle roule dans ses doigts un mini bout de sa jupe verte sur son jupon blanc,
ses reflets sur mon imaginaire deviendront des parcelles de personnages,
mon heure de dédicace terminée je vais le lui dire, ça lui fait plaisir, 4
la lectrice, le lecteur, «mais tu parles que de femmes dans ton texte, à part Denys Tremblay c’est que femmes et filles,»
moi, «ben oui, je l’ sais ben,»
pendant ce temps la voix de Greta Thunberg s’élève dans la noosfère,
honte aux infantils imbécils infertils qui veulent la faire taire!
1. Ne pas aimer ce qu’on a l’air
2. épuisé chez Gallimard, mais j’imagine qu’on peut le trouver sur la Toile
3. par contre si j’avais karaoke j’aurais chanté Dance Me to the End of Love, magnific chanson de Leonard Cohen, je l’aurais chantée les yeux fermés, cette vidéo dans mon cervo, décroché du temps com Billy Pilgrim, la vidéo officielle est ici
4. j’avais oublié son nom, peu importe, la mémoire de son allure suffisait, pourtant ça me chicotait, j’ai cherché, j’ai trouvé, Nelly Desmarais, assistante éditoriale au Quartenier, mais plus encore, elle est poète et c’est parce qu’elle est poète que mon attention l’a survolée sans que je réalise d’emblée pourquoi, c’était intuitif, mon antenne parabolic avait capté ses ondes poétics, le reste est venu de soi
Salut oh toi mon frère, je suis contente d’apprendre que le bain québécois t’a presque happé! Peut-être reviendras-tu un jour? Heureuse aussi que tu aies apprécié ton « salon du livre », tu y es à ta place, car même pour un vieux solitaire qui est dans sa tête et ses imaginations et créations, hé oui, des fois c’est le fun d’échanger avec d’autres êtres de notre race!!…Ha, ha je te taquine, je sais que tu aimes le monde surtout le féminin et avec beaucoup de respect en plus, et cela c’est vraiment vrai! Je te salues et t’embrasse xxxx
Salut MariJo. En effet, j’ai toujours préféré la compagnie des femmes à celle des hommes. Quant au Québec, ah, le Québec! j’y reviendrai, c’est sûr, mais à Montréal, c’est à Montréal que je veux finir mes jours. C’est dans les cartes.
ça t’a fait comme un bain de jouvence cette virée , t’étais comme plongé dans ton élément,comme Obelix dans sa potion magique .
quoique on en dise la langue maternelle imprègne tout notre être ,pas seulement les mots qui sortent de notre bouche .
faudrait en faire plus souvent des sorties comme celle ci …. ou alors va vivre à Montréal
ah ça! retourner vivre à Montréal, c’est mon projet à moyen terme, tu le sais,
Salut Jean,
‘Beau récit de ton retour au pays. Comme ça, tu « nostalgiques » 😉 Bon succès avec tout ce qui suit. C’est certain que ta trilogie redeviendra ma lecture de chevet un de ces hivers. À un de ces bientôt, ami rocker.
Salut Ronald,
Je nostalgique, en effet. Montréal me manque. La Gaspésie aussi, mais moins.
Ce qui suit : une écriture de plus en plus éclatée.
À la prochaine, l’ami.