je pratique l’écriture com un forcené traumatisé par sa liberté, mes mots explosent com des cocktails molotov dans les allées de la conformité, mes phrases tracent d’infissils éclats de miroir dans la noosfère,
et la noosfère, pour les ceusses et les celles qui ne sauraient pas, c’est notre ciboulot collectif, c’est toulmonde tous et toutes ensembles en train de penser le monde, c’est la mosaïc de nos cultures com l’écosfère est la tapisserie de nos comportements,
toutt se passe toultemps toutt dans nos têtes, lesquelles sont dans la noosfère qui est dans nos têtes,
d’ôtres plus érudits et mieux articulés savent comment dire ces choses, moi, que voulez-vous, mes mots demeurent, malgré que j’en aie, rébarbatifs com des barrures moyenâgeuses, traîtres com des trottoirs en hiver, grimaceux com des singes mal élevés, mais ces choses doivent être dites et redites, même maladroitement, — alors que si j’avais été Iznogoud et que je m’étais retrouvé du côté gauche du miroir pour devenir calife à la place du calife, j’aurais écrit malagauchement,
je vous renvoie à Pierre Teilhard de Chardin pour la présentation du concept de noosfère, qu’on écrit ossi noosphère, qu’il a emprunté au filosof russe Vladimir Vernadski, je vous recommande fortement de lire Carl Gustav Jung, le penseur moderne le plus profond et le plus intègre sur la nature de la psyché humaine, je vous suggère en outre le livre de Bertrand Méheust, Science-Fiction et Soucoupes Volantes, dans lequel il jette une lumière particulièrement ingénieuse sur certains ricochets de ladite psyché, vous lirez Albert Camus également, pour vous faire une idée de la notion de responsabilité collective (notion qu’il a empruntée à Dostoievski, un géant parmi les géants), ainsi que Noam Chomsky, pour vous ouvrir les yeux sur la manipulation des massacres, de même que Hubert Reeves (y est à nous ôts, celui-là, ô Canada!), pour vous sensibiliser au monde qui vous entoure,
et si ces lectures vous paraissent bien grosses et que vous auriez peur de ne pas tout comprendre, ne vous en désolez pas trop, personne n’y comprend grand-chose non plus, même les savants, rideaux qu’on ouvre sur le monde,
lisez avec votre coeur, le reste suivra,
lisez de la bd ossi, ça vous déridera,
tout se tient tout ensemble noué bien dur dans nos crânes, si les enfants souffrent de la soif et de la faim, s’ils crèvent de maladies évitables et guérissables, s’ils périssent dans les conflits, c’est qu’on laisse ces choses-là arriver dans nos têtes, ce n’est pas l’enfant qui se lève un matin et qui se dit, « bon, moi, aujourd’hui, je vais aller me faire massacrer! » non, bien sûr, c’est nous ôtres, les adultes, qui laissons le massacre arriver dans nos têtes en faisant semblant de rien en faisant les occupés en faisant com si c’était normal, mais ce n’est pas normal, je ne vois pas ce qu’il y a de normal chez une espèce qui se magane la descendance,
regardez-les, nos enfants, regardez-les!
de véritables épouvantails épouvantés qui tournent en rond dans les terrains vagues de nos fariboles désossées!
on n’est pas sorti de l’auberge,