la courbure de la Terre

sur le pouce, un été, direction la Gaspésie, quelque part sur la 138 entre Sept-Chutes et Baie-Saint-Paul, où je prendrai le traversier pour la rive sud, c’est le soir, le ciel s’étoile, l’air est doux, chu là, planté sur le bord de la route, y a pas gros trafic et de mon regard télescopic je franchis l’espace jusqu’à l’horizon et perçois la courbure de la Terre, la ressens visuellement, la palpe de l’oeil, puis une auto m’embarque, un autre été, je travaille pour un fermier dans son champ, je déterre des grosses roches que je dépose dans une barouette, à chaque année y en a qui remonte, dit-il, faut les enlever avant de semer sans ça ça magane la machinerie, je m’arrête pour souffler, le champ roule sous le ciel et je contemple la courbure terrestre dans l’horizon, je sens le poids de la planète sous mes pieds et de mes pupilles élastics relève sa rotondité, puis me remets au travail, l’été encor, ce soir justement, me suis assis près de ma fenêtre, mes vieux pieds sur un cousin sur une autre chaise, je suis au quatrième et la vue est pas fameuse, des branches d’arbres, des bâtiments et des bouts de rues, en haut le ciel et com à mon habitude, ciel dégagé ou pas, pollué c’est sûr, j’enfourche mon oeil sidéral, je dis à tantôt à la Terre, quitte le système solaire et m’en vais m’assoir au bord de la Voie Lactée, les pieds ballants dans le vide intergalaxic com au-dessus de la mer au bout du quai à Grande-Vallée, je dis bonjour à Andromède notre voisine, je lance un clin d’oeil complice aux nuages de Magellan, j’envoie la main aux galaxies, elles me répondent en millions d’années-lumière, puis je reviens dans mon appartement
c’est parce que notre tête est dans l’univers qui est dans notre tête, c’est aussi simple