un mot de Dany Laferrière pour commencer:
«C’est pas bon cette stature assise, ça crée des romans ennuyeux.»
à Tout le monde en parle, le 24 novembre dernier, aux premiềres minutes de l’entrevue
j’ai affirmé ici que Houellebecq avait tout compris quand il a dit qu’il rêvait d’écrire un gros livre avec de longs passages ennuyeux, eh bien, son roman Soumission pourrait très bien être un des longs passages ennuyeux de ce gros livre,
Soumission, oui, c’est un miroir sur la platitude et l’insignifiance de la société contemporaine dans une écriture sans relief à dessein, pourtant violente par éviction d’humanité, y a pas d’humains dans le roman, juste des automates dans du réalisme préfabriqué, des dialogues de magazines, des descriptions en papier peint,
c’est voulu,
l’histoire ne mère nulle part, elle ne le peut pas, elle tourne en rond dans un manège sans âme, sans joie, sans humour, agacée par du désir fade, le reflet sans filtre d’un monde apathique, une copie carbone, c’est quasi kafkaïen,
c’est fait exprès,
on pourrait qualifier le roman de SF spéculative ou d’anticipation, les automates errent et se soumettent à une autorité absolue, le propos ici étant la proximité musulmane en terre de France,
puis j’ai lu La Carte et le Territoire, mêmes observations, l’histoire diffère, celle d’un peintre, le reste est pareil, m’en est resté les peintures, ça j’ai beaucoup aimé, ensuite j’ai commencé La Possibilité d’une île et Sérotonine, j’ai laissé tomber au bout d’une trentaine et d’une quarantaine de pages respectivement, quant à moi Houellebecq est en train d’écrire les longs passages ennuyeux de son gros livre et ça, même si je ne le lirai plus*, je le respecte, son jeu de miroirs est une oeuvre unique,
* ajout 20200629 : j’ai changé d’idée, je le (re)lirai parce que son écriture me fascine malgré que les histoires qu’il raconte m’ennuient
Despentes maintenant, je l’avais jamais lue, mais Vernon Subutex faisait du bruit, sur le coup ça m’intéressait pas vraiment, je lis très peu de littérature actuelle, en fait quasi pas pantoute, cé pas mal toutt du pareil au même, j’accroche plus, or je me suis laissé convaincre et j’ai plongé dans l’intégrale de Vernon Subutex, j’ai lâché aux deux tiers du deuxième volume, pourquoi? parce que comme avec Houellebecq l’histoire ne m’intéresse pas, par contre les personnages de Despentes sont plus attachants que ceux de Houellebecq, j’ai été agréablement surpris par son habileté à varier les temps verbaux et les points de vue narratifs dans le même paragraphe, sinon dans la même phrase, et tout au long de ma lecture je me suis fait la réflexion qu’elle écrit ses romans avec la verve et la modernité des chansons de Renaud, cela dit je préfèrerais lire son essai King Kong Théorie,
en un mot comme en cent la littérature d’asteur m’ennuie,
peut être est ce parce qu’ils racontent des histoires plus ou moins banales et quotidiennes d’une époque qui ,pour Houellebecq surtout ,est banale et ennuyeuse .
mettre sur la même page Despentes et Houellebecq la comparaison est osé .
la première me donne une lecture active avec des personnages qui brûlent souvent leur vie ,en tout cas sont dans la vie , elle te fait travailler le ciboulot
alors qu’avec Houellebecq on est presque passif en le lisant ,il déroule son fil conducteur et tu déroules la pelote sans à coup ,lentement ,
tous les deux jugent notre société sans fard
on reste passif en lisant Houellebecq, t’as raison, et c’est vrai comme je le note dans l’article que les personnages de Despentes sont plus attachants, mais l’un dans l’autre les histoires qu’ils racontent ne m’intéressent pas