j’ai une personnalité de toxico, j’aime la drogue, j’ai longtemps entretenu une relation truculente avec elle, l’ai ingérée, l’ai sniffée, l’ai fumée, la fume encor, mais moins, bicoz voies respiratoires goudronnées, j’imagine que si j’avais été poète au 19ème siècle j’aurais opiacé et éthéré, me suis jamais piqué par contre, j’aurais trop aimé, j’aurais viré junkie drèt là, me suis retenu,
c’est pas les occasions qui ont manqué, combien de fois au carré Saint-Louis à Montréal on m’a offert de me shooter au speed, non, ou quand j’allais acheter notre hash au Black Cat les vendredis soirs dans l’ouest de la ville, j’étais le seul de nous quatre qui baragouinait l’anglais, je m’installais au bar avec une bière et j’attendais qu’un grand Noir au chapeau de cuir passe aux toilettes, j’allais l’y rejoindre et, à chaque fois, immanquablement, alors qu’on échangeait fric et drogue, il m’encourageait à essayer l’héroïne, on irait quelque part, y aurait des filles, y m’ piquerait, gratis, man, gratis,
«come on, man, pas un cenne, my treat, tu vas triper guaranteed,»
«mange d’ la marde, câlisse, I’ll like it pis après ça I’ll have to pay, non merci,»
un soir que j’attendais mon grand Noir j’ai vu dans le miroir du bar entre les bouteilles sur les tablettes un homme se lever brusquement de sa chaise, un gun à la main, et tirer sur son voisin, j’ai pas fait ni une ni deux, chu sorti de là au plus sacran sans finir ma bière et pour ne plus jamais y revenir,
j’ai sniffé de la cocaïne six mois straight, j’étais pote avec un mec qui pushait pour les Hell’s Angels, j’étais stone continu, pis un jour je me suis dit, «ça c’est une drogue vicieuse, t’as pas l’air stone, t’agis normal, mais t’es gelé ben raide pis tu portes plus à terre,» j’ai arrêté sans problème,
j’ai été un gros buveur de bière, étant de nature solide je pouvais en encaisser, d’ la broue, un soir à l’Empire de Winnipeg j’avais tellement consommé que je suis revenu chez moi sur le pilote automatique, à pied, j’aime pas les chars, j’ai jamais eu mon permis de conduire, me suis réveillé le lendemain du sang sur mon oreiller, mes lunettes à terre dans le passage, du sang sur le mur et sur le plancher, ainsi je m’étais enfargé en entrant dans mon appartement et m’étais fendu le front avec mes lunettes en rentrant dans le mur, me suis regardé dans le miroir de la chambre de bain, je faisais dur, j’avais flaubé tout mon fric, les jeunes venaient passer leur fin de semaine, j’ai arrêté de boire, six bières au plus depuis par année, même encor, pis chu pas fort sur le fort, ni amateur de vin,
ma drogue de prédilection, celle que j’ai le plus aimée, vraiment aimée, compagne féérique, c’est l’acide, j’appréciais l’organique de la mescaline et des champignons, je préférais l’électricité de l’acide,
que j’ai fait des beaux voyages!
j’étais lumière, musique, mouvement,
mon corps extension stellaire,
ma tête réseau quantique,
le monde théâtre surréaliste,
un acid freak consommé j’ai été, ça fait un bail que j’en ai pas gobé par contre, à mon âge,
dans mon état physique, avec mes jambes maganées, ça serait pas un trip plaisant,
me contente de marijane, du hash quand j’en trouve, en passant j’ai essayé les gélules de cannabis, pas si pire, pas si pire, l’effet est plus subtil qu’en boucane, en tout cas ça repose ma gorge,
tout ça pour dire que bitch nicotine me tient par les couilles, pis serré à part ça, pas capable d’arrêter, je me force à diminuer, c’est pas facile, j’ai fumé excessif pendant des années, deux paquets par jour minimum, des Player’s, mon tabac de choix, j’ai aussi fumé des Gauloises et des Camel, j’ai roulé du Drum, je dédaignais pas les Export « A », la marque à mon chum Pierre, ni les Peter Jackson (du temps que je me prenais pour James Bond), j’ai pompé la pipe un bout, ç’a pas duré, des cigarillos des fois,
je diminue, mais arrêter? sérieusement? pas capable, panique anxiogène débilitante juste d’y penser, je ralentis, je réduis, santé oblige, le souffle court, la gorge toussante, en plus qu’asteur ça coûte un bras, sti, mais j’arrête pas, esclave de la bitch, je mourrai fumeur pis cé ça kyé ça,
David Bowie – Heroes [Christiane F. – Wir Kinder Vom Bahnhof Zoo]
note: vous comprendrez que Bowie parle du mur de Berlin et que Christiane F. aime Bowie
J’avais jamais vraiment compris, je pense, à quelle point cette histoire d’avoir vu le gars ce faire tirer de même t’as affectée.
une anecdote que j’oublierai jamais
intéressant ton parcours .T’as eu le bon réflexe pour le fix , je crois qu’il y a pas pire …
heureux ,moi qui aime bien ça aussi , ai rencontré un mec (qui se shootait à l’hero ) qui a jamais voulu m’en donner « n’essaye jamais » m’a t’il dit .
je pense que chacun à SA drogue qui lui convient .
mais le tabac quel drogue dure c’est vrai . arrêter me file un de ces stress ,voir une déprime épouvantable .alors …. diminuer puis remonter puis diminuer ..jusqu’à l’hospice ou là en France on interdit clopes et tout le reste … tumeurt mais sain 🙁
en effet, c’est le combat: diminuer, remonter, diminuer…